Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-Bon-Repos
L'ancienne livrée de Montfavet, dite couvent ou monastère Notre-Dame de Bon Repos, illustre les commandes cardinalices réalisées en Avignon au milieu du XIVe siècle par son architecture sobre mais monumentale, marquée notamment par une façade de 48 mètres. Son style, dépourvu d'ornement superflu et d'une technique généralement peu raffinée, se distingue cependant par la qualité des encadrements de baies et du portail en tiers point. Malgré des transformations au cours des siècles, l'aspect extérieur a conservé son organisation initiale : un grand corps central flanqué de deux tours, répondant autant à des exigences de représentation qu'à celles de l'habitation. L'église Notre‑Dame‑de‑Bon‑Repos, qui jouxte la livrée, se situe à Montfavet, sur la commune d'Avignon, dépend du diocèse d'Avignon et est classée au titre des Monuments historiques depuis le 20 juillet 1908.
Le cardinal Bertrand de Montfavès acquiert en 1341, au Clos des Rivans, une propriété du cardinal des Ursins qu'il nomme Notre‑Dame de Bon Repos, puis achète d'autres terres pour y fonder le monastère où il souhaite être enterré ; il prévoit d'y accueillir un prieur et vingt‑quatre chanoines réguliers de l'ordre de Saint‑Augustin ayant reçu la prêtrise. Les travaux, confiés à Bertrand et Pierre Folcoaud, débutent en 1343 peu après la mort du cardinal et, conduits à leur terme par ses exécuteurs testamentaires, s'achèvent en 1347. Le cardinal est inhumé en 1343 devant l'autel sous une dalle aujourd'hui disparue ; la dalle funéraire de Pierre de Cohorn, décédé en 1479, porte une inscription datée de 1486 qui raconte son odyssée.
À l'origine, le couvent se compose d'un parc clos, correspondant à la surface de l'actuelle place, et d'un quadrilatère formé par le corps de logis conventuel et deux ailes en équerre reliées au niveau de la cour par un mur. Au dernier quart du XIVe siècle, face aux incursions des « grandes compagnies » et aux troubles du grand schisme, l'ensemble est fortifié : bastions d'angle, tours et fossés ceinturent le monastère. L'établissement a été lié, au fil du temps, à diverses institutions — notamment l'abbaye de Saint‑Ruf (dont il suit les réformes en 1498), le monastère d'Aygueboune et l'Œuvre du pont d'Avignon (1452) — et accueille en 1613 quelques religieux récollets ; ces derniers sont remplacés par des capucins en 1759. Fermé en 1794 et devenu bien national, le site voit les religieux expulsés l'année suivante ; l'église est successivement occupée par la chapellenie‑annexe de Saint‑Agricol à partir de 1807, puis devient paroissiale lors de la création de la paroisse de Montfavet en 1840.
Le complexe comporte encore l'église paroissiale et un jardin devenu la place de l'église ; isolé en campagne, il est compris entre deux tours carrées crénelées, dépourvues de mâchicoulis. L'église est épaulée de contreforts ajourés reliés à mi‑hauteur par un mur continu qui lui donne un aspect basilical renforcé par la pose d'une toiture de lauze directement sur les cantons des voûtes. Le chevet pentagonal, de dimensions plus réduites, est flanqué de contreforts saillants et le clocher occupe le croisillon sud ; sa flèche, détruite lors de son utilisation comme relais de télégraphe, a été refaite sous le Second Empire. L'entrée, aménagée au midi en porche, ouvre sur un portail dont l'embrasement est orné de colonnettes aux chapiteaux feuillagés ; le tympan repose sur un linteau portant une statue de la Vierge et une platebande présente un bas‑relief représentant deux groupes de douze moines autour du prieur.
À l'intérieur, des chapelles établies entre les contreforts s'ouvrent sur les six travées ; l'édifice est voûté d'ogives dont les nervures retombent, dans la nef, sur des culots ornés de figures ou de personnages (charité, luxure, orgueil, moine chantant). Dans le sanctuaire et les chapelles latérales, les éléments structurants se prolongent par des piédroits ondulés. Sur le mur occidental sont accrochés trois tableaux — Les Disciples d'Emmaüs, Bertrand de Montfavet présentant l'église à la Vierge, et Saint Dominique recevant le rosaire — et des inscriptions murales retracent l'histoire du monastère ; une baie haute aujourd'hui murée ouvrait autrefois sur l'infirmerie pour permettre aux malades de suivre l'office. La nef mesure 37 mètres de long et est bordée de douze chapelles ; on reconnaît encore, dans les bâtiments conventuels, la salle capitulaire, le réfectoire, le chauffoir et l'emplacement des cuisines.
Côté sud, l'autel tabulaire de pierre de la chapelle Sainte‑Philomène témoigne des dispositions primitives des chapelles et des vestiges de peintures murales confirment l'existence d'un retable. Parmi les œuvres conservées figurent plusieurs objets classés : une Vierge à l'Enfant dite Notre‑Dame du Bon Repos, statue de pierre du XIVe siècle haute de 1,60 m ; un Christ en croix peint sur toile dont le cadre en bois est attribué au XIIIe siècle et surmonté d'un fronton ; la dalle funéraire de Pierre de Cohorn (mort en 1479) ; et le maître‑autel du XVIIe siècle, initialement installé à la Collégiale Saint‑Pierre d'Avignon.
L'église et ses tours annexes sont classées au titre des monuments historiques par arrêté du 20 juillet 1908 ; l'ancienne livrée de Montfavet — le corps central, le corps de liaison entre la livrée et l'église, le sol de la cour primitive et les anciens murs de clôture de cette cour — est inscrite par arrêté du 17 janvier 2017.